Portrait de Valentin Desgranges - Fondateur de NewsCore, une start-up lancée il y a deux ans et spécialisée dans le renseignement par l’IA
1- Pouvez-vous nous partager en quelques mots votre parcours universitaire et professionnel ?
J’ai eu la chance de suivre le Master Politiques publiques et administration à Paris Panthéon-Assas, dirigé par Yves Surel promo 2023.
Pendant et après ces études, j’ai multiplié les expériences : d’abord à l’Assemblée nationale pendant un an et demi, puis au sein de deux cabinets ministériels, d’abord au ministère de la Transition écologique, puis au ministère de l’Intérieur. Par la suite, j’ai rejoint le secteur privé, en cabinet de conseil en affaires publiques, avant de cofonder NewsCore, une start-up spécialisée dans le renseignement par l’IA. Nous sommes aujourd’hui une équipe de 16 personnes, et nous avons construit cette croissance sans levée de fonds extérieure.
2- D’où vous est venue l’idée, l’envie de créer NewsCore, start-up spécialisée dans le renseignement par l’IA ?
C’est au fil de mes expériences dans le public comme dans le privé que j’ai pris conscience d’un point fondamental : l’information est à la base de toute décision stratégique. Ceux qui possèdent une information fiable, structurée et rapide ont une longueur d’avance.
Initialement, je voulais créer un outil d’analyse des signaux faibles politiques. Mais très vite, nous avons identifié un besoin encore plus fort dans le domaine du renseignement économique, de la défense et de la sûreté. Cela nous a poussés à développer une solution à la croisée de la veille stratégique et de l’IA, pensée pour les équipes qui ont besoin de savoir avant les autres et de détecter des signaux critiques afin d’anticiper de possibles actions menaçant la sécurité d’autrui.
3- Sur quoi repose NewsCore ? Et comment les entreprises se l’approprient-elles ?
NewsCore repose sur une technologie propriétaire que nous appelons surveillance kinétique : une hybridation entre l’IA, le traitement sémantique du langage et l’analyse de flux multi-sources (presse, réseaux sociaux, blogs, canaux privés, bases de données sectorielles…).
À la manière d’un Palantir, nous détectons, analysons puis mettons à disposition de nos clients des insights contextualisés et actionnables, générés automatiquement. Nos utilisateurs sont principalement des grands groupes dans l’énergie, la défense, le luxe ou la construction, qui utilisent NewsCore pour surveiller leurs marchés, suivre des concurrents, détecter des signaux d’innovation ou de financement, ou encore cartographier les écosystèmes émergents.
Côté public, certaines administrations nous utilisent pour structurer leur activité de veille et de renseignement, notamment dans les ministères régaliens.
4- Comment voyez-vous l’évolution de vos activités dans les prochaines années ?
Lancée début 2024, NewsCore a déjà convaincu plusieurs grands comptes français. Notre objectif immédiat est de nous diffuser plus largement au sein de ces groupes, en intégrant progressivement toutes les directions concernées : stratégie, innovation, risques, juridique, cybersécurité…
Nous visons également une expansion à l’international, avec l’ouverture de bureaux, en Allemagne, au Royaume-Uni et en Ukraine d’ici 12 à 18 mois.
Sur le plan produit, nous avons développé un écosystème d’agents intelligents, nous travaillons continuellement à ajouter des agents spécifiques afin d’être plus précis dans notre captation des signaux faibles, générer des rapports et de créer des tableaux de bord stratégiques en temps réel.
5- Que pensez-vous de la mise en place à l'université d'enseignements liées à l'IA à destination des étudiants ? Quels serait, selon vous, la nature, le contenu et la forme qu’ils pourraient prendre pour une bonne appréhension et utilisation de l’IA ?
Je suis convaincu que l’intégration de l’IA dans les cursus d’enseignement supérieur est non seulement souhaitable, mais indispensable.
L’IA, et notamment les LLM, transforme profondément nos métiers. Or, malgré leur puissance, ils sont encore très mal compris et utilisés. Aujourd’hui, moins de 10 % de la population française utilise activement ces outils. Former les étudiants à une compréhension critique et pratique de l’IA, dès maintenant, leur donnera un avantage décisif. Je pense que la compétence IA dans les skills d’un étudiant ou quelqu’un déjà en activité sera essentielle dans les années à venir, si ce n’est pas déjà le cas, pour avoir accès aux meilleures entreprises.
Concernant la forme, je recommanderais une approche double :
Des cours transversaux à travers les licences et les masters expliquant le fonctionnement des modèles, leur biais, leurs limites, et savoir les intégrer dans une chaîne de travail (rédaction, synthèse, recherche, et surtout les automatisations…).
Mais aussi des cours sur l’éthique et la critique, il y a de forts enjeux liés à la confiance, à la désinformation, aux biais algorithmiques et à l’impact de l’IA sur la décision publique, la justice ou la démocratie.

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